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Coin littéraire d'Aristed
6 septembre 2015

Un autre sens à la vie

 

Tu étais parti un matin, j'avais laissé par mégarde les fenêtres ouvertes et tu avais glissé sur une brise nocturne. Je te vois les larmes aux yeux secouer la branche du cerisier qui se penche à ma fenêtre et faire une pluie brillante de pétales blanches. C'était un au revoir destiné à ce moi endormi qui, au matin, les yeux à demi-clos, n'a pas entendu les sifflements des oiseaux, n'a pas senti l'odeur douce du gazon qui venait d'être tondu, a simplement constaté ton absence.

Ce moi, quelques années plus tard, alors jeune adolescent, qui s'en est allé parcourir l'immensité froide, déserte et magnifique des highlands de l'Écosse ou voir les écharpes brumeuses sur le Loch Ness immense, mais qui ne t'a pas retrouvé.

Près du sable blanc des plages cubaines, parmi les coraux et les poissons qui s'échappent, dans les bars enfumés de La Havane -odeurs de cigares et de mojitos- où se produisaient Buena Vista Social Club, tu n'étais pas là pour m'attendre.

Sur le plus haut col de l'Himalaya, touchant du bout des doigts les neiges éternelles, admirant les cimes déchiquetées des montagnes s'étalant sous mes yeux, toutes mes aspirations se tendaient pourtant vers toi, mais je ne t'ai pas vu.

Au coeur de la foule pauvre, crasseuse, bruyante et bariolée des Indiens de New Delhi se mouvant sans un regard pour ces tombes hindoues qui sont comme des palais, j'ai vu des visages, peu de sourire, parfois ton expression et tant d'indifférence, mais tu ne m'attendais pas.

Sur les berges du lac Titicaca, le soleil couchant faisait entendre dans mon cerveau subjugué les plaintes des anciens Incas, et quand les premiers rayons ont pénétré par la Porte du Soleil sur un Machupichu endormi, piétiné ; ébloui les larmes aux yeux j'aurais voulu tendre ma main pour y cueillir la tienne mais je n'ai pas senti ta présence.

Sur les chaises des salles de classe, au milieu d'odeurs de neuf et de produits aseptisant, je ne t'ai pas retrouvé.

Au milieu d'un concert, d'une pluie diluvienne et d'une foule déchaînée, ta seule voix aurait couvert le vacarme de la musique mais je ne l'ai pas entendu.

Dans le froid de l'hiver, assis près de braises crépitantes, les yeux dans le vague j'essayais d'imaginer un visage se dessiner dans les volutes de fumée qui montaient et disparaissaient aussitôt mais je n'y suis pas parvenu.

Alors le soir, la nuit tombant en même temps que le sommeil sur mes paupières, j'ouvre mes fenêtres et une douce obscurité pénètre dans la chambre. Je m'allonge et je m'endors, dans mon sommeil alors tu viendrais te déposer avec un rayon lunaire sur le parquet et au matin je découvrirais au pied de ma fenêtre quelques pétales de cerisier.

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Commentaires
H
Je n'étais pas venue depuis très longtemps, et à vrai dire je n'avais jamais lu ce texte.<br /> <br /> Mais peut être ai-je bien fait de le faire maintenant, où tes mots doux et mélancoliques, teintés de peine, nuancés de chagrin, viennent apaiser ma douleur.<br /> <br /> Merci.
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