Stendhal - Le rouge et le noir
Résumé :
La jeunesse, l'ambition, la volonté d'être aimé au-dessus de ses moyens, ces vertus s'incarnent dans Julien Sorel, dix-neuf ans aux premières pages du roman de Stendhal. Fils du charpentier, le jeune homme devient précepteur chez les Rênal. Le tendre loup est entré dans la bergerie : commence alors une des plus exaltantes histoires d'amour qui soit. Louise de Rênal, son ainée, épouse de son employeur, mère des trois enfants à qui il enseigne le latin, succombe à son charme... Première partie de son éducation sentimentale qu'il poursuivra à Paris auprès de Mathilde de La Mole. Le tout au galop, jusqu'au bout, et crânement. [Edition Broché]
Mon avis :
Très mal accueilli lors de sa sorti par les critiques et par le peuple, Le rouge et le noir est pourtant considéré aujourd'hui comme l'un des romans piliers du 19ème siècle. Deux réactions, l'une ancienne, et l'autre moderne, tout à fait justifiées, compte tenu de la plume acerbe, sincère, critique et souvent même cynique de Stendhal vis-à-vis de son époque.
Epoque pour laquelle le personnage principal, Julien Sorel, n'éprouvera que défiance et mépris. Avant de s'enfoncer dans le coeur de l'oeuvre, c'est-à-dire son message et sa portée que l'on peut retrouver encore d'actualité, je décide de m'attarder un peu sur Julien, le héros de l'oeuvre. A le voir évoluer tout le long du récit, on peut qualifier ce roman d'apprentissage. Julien est né d'un modeste artisan qui travaille le bois, et dont la haine qu'il lui inspire est bien réciproque. Car contrairement à ses frères, robustes travailleurs dignes du père Sorel, Julien est frêle, pâle, et il adore lire.
Il se verra enfin se séparer de cette famille avec qui il n'a rien en commun, lorsque le maire de la ville, M. de Rênal, lui proposera de devenir précepteur pour ses enfants. Et du même coup, il commencera l'ascension sociale qu'il espérait (étant un garçon très ambitieux) parmis la haute bourgeoisie provinciale. Du jeune garçon tremblant, les larmes aux yeux, qui se présenta pour la première fois à la maison des de Rênal, il ne restera presque rien lorsqu'il la quittera définitivement. Il se verra devenir plus calme, plus froid et maître de lui, plus à l'aise enfin dans cette haute classe qu'il méprise pronfondément et envie à la fois.
Toute l'hésitation de Julien au cours du livre est dans le titre : le rouge ou le noir. Le rouge représentant l'armée, car Julien est en secret un grand admirateur de Napoléon et rêverait de se couvrir de gloire ainsi que le fit l'empereur exilé. Le noir quand à lui représente l'église, plus précisemment l'habit écclésiastique que Julien portera en tant que précepteur et tout le long de son passage au séminaire (habit qui lui permit son ascension parmis les classes sociales).
Julien est un héros au coeur fragile mais très complexe, et malgré les descriptions précises et généreuses du narrateur, il nous sera difficile d'en cerner toutes les nuances, surtout lorsqu'il tombe amoureux. Cela lui arrivera deux fois au cours du livre, et ce seront des histoires bien différentes et des sentiments bien opposés que ces histoires lui feront vivre. Il voit souvent le fait de faire la cour aux femmes qu'il adorera par la suite comme un devoir. Et ces sentiments évolueront d'une manière bien singulière mais toutefois compréhensibles envers les deux êtres aimés.
J'ai pu souvent pu comparer ce livre à Bel-Ami, de Maupassant, notamment parce que ce sont deux oeuvres d'apprentissage écrites au 19ème siècle, mettant en avant des personnages obsédé par la gloire ou la réussite sociale. Mais Julien Sorel, à opposé de Bel-Ami, est beaucoup moins opportuniste, et plus têtu dans ses opinions.
Le rouge et le noir, à nos yeux contemporains, est moins moderne que Bel-Ami, surtout dans les aventures ou le style du récit. Mais le récit de Stendhal est également une critique plutôt sévère du 19ème sicèle, et plus précisemment de l'époque de la Restauration. Julien entre au coeur de la noblesse, et nous décrit ce monde avec hauteur et mépris, lui le petit domestique de pauvre naissance pourtant. Car dans les salons de la noblesse, tout n'est qu'hypocrisie, façade, discours déjà travaillés et sans engagement politique ni véritable opinion personnelle. C'est précisemment cela qui exaspère Julien, en plus de cette politique pauvre et sans idéaux qui succéda au Ier Empire de Bonaparte.
Les moments de discussion entre nobles sont parfois très longues, notamment à nos yeux de lecteurs modernes plutôt incultes envers les subtilités du 19ème siècle, ce qui les rend assez incompréhensibles.
Mais enfin c'est avec bonne humeur et avec une image agréable de ce livre flottant au-dessus de ma tête que je rédige cette chronique. Un détail, pour finir, qui a retenu mon attention et qui semble assez étrange pour des lecteurs d'aujourd'hui habitué à des livres modernes : ce sont tous ses rebondissements annoncés de la manière la plus banale dans le livre, sans aucune prétention, ni en fin de chapitre ou de paragraphe, juste des dialogues comme ça. Ces rebondissement sont amenés dans le récit ainsi que l'on annonçerait au héros une information la plus commune. Après la première impression d'étrangeté passée, cela donne un certain charme très gentil à l'oeuvre.
Voilà, ma chronique s'en trouve finie et mon cerveau à court d'idées, c'est donc en vous assurant que ce livre mérite son renom et en vous le conseillant que je vous quitte.