Victor Hugo - Le dernier jour d'un condamné
Résumé :
"Encore six heures et je sera mort. Est-il bien vrai que je serai mort avant la fin du jour ?" Bientôt, sa tête roulera dans la sciure. Jugé, emprisonné, enchaîné, il attend dans l'épouvante. "J'ai peur" - et notre peur grandit avec la sienne. L'aumônier viendra, puis les assistants du bourreau. Il montera dans la charrette, traversera la foule hideuse. Au bout de la marche au supplice, l'apparition de la guillotine. On dit qu'il ne souffre pas, que c'est une fin douce, mais qui le sait ?
Avec lui, nous vivons ce cauchemar, cette absurdité horrifiante de la peine capitale que personne avant Victor Hugo n'avait songé à dénoncer.
Mon avis
Le dernier jour d'un condamné, lors de sa sortie, n'a pas fait un grand succès parmi la critique et la société bourgeoise. En effet, c'était la première fois qu'un auteur osait critiquer, dans une oeuvre, la peine de mort. A l'époque, c'était pourtant une pratique courante et appréciée : on se pressait et on s'accumulait sur la place pour assister à ce spectacle macabre. Oser, donc, critiquer cette pratique était provocteur, mais tout de même brillant d'intelligence.
Dans cette étude du condamné, Victor Hugo nous permet d'entrer dans son esprit, quelque chose que nous n'aurions pu faire sans lui. On peut aisément se mettre à sa place, pourtant son identité ainsi que son crime nous sont cachés. On sait qu'il a versé du sang, il n'est donc pas innoncent, néanmoins on ne sait pas ce qu'il a fait ni pourquoi. Le livre est court mais percutant, on le lit d'une traite sans que le récit ne s'essoufle.
Pour l'auteur, il a fallu déployer beaucoup d'audace et d'habilité pour parvenir à faire jouer les sentiments du lecteur : en effet, qui donc avant lui aurait osé essayer de faire apitoyer le lecteur sur le sort d'un hors-la-loi, d'un criminel ? Et c'est ce qui fait toute l'ingéniosité et le réalisme de cette oeuvre.
Le seul point qui m'a déplu, c'est un certain manque de crédibilité : la condamné ne semble vraiment pas si méchant que ça. Même si je crois au repentissement, j'aurais pu tout à fait croire que le narrateur était un enfant de coeur. Ses pensées, au cours du récit, ne seront jamais malsaines, il est toujours animé d'une certaine innocence et de gentillesse. Le fait de mettre un narrateur aussi innoncent est sans doute là pour que l'on ressente plus facilement de la compassion à son égard, pourtant la plupart des criminels ne sont pas aussi sympathiques...
En dehors de ça, le récit fait preuve de beaucoup de réalisme et de perspicacité, certains passages montrent clairement que Victor Hugo a fait d'un important travail de recherche sur la sort d'un condamné. C'est un livre à lire, il ne vous prendra pas beaucoup de temps mais vous apportera de quoi réfléchir et vous apportera peut être un point de vue nouveau sur certaines choses.