Un jour en Gwendalavir
Salut à tous ! Voici un petit texte que j'avais commencé il y a longtemps, mais que je viens juste de terminer. Pour bien le comprendre, il est préférable d'avoir lu Le Pacte des Marchombres, mais si ce n'est pas le cas n'hésitez tout de même pas à le lire (le livre et mon texte !^^). Bon, voilà pour la petite présentation, maintenant place au texte !
Al-Far
La lune hautaine brillait d'un éclat jaune au-dessus de la ville endormie. Des écharpes de brume glacé se déroulaient dans les ruelles sinueuses.
Un jeune enfant courrait, ombre au milieu de ce décor fantomatique. Il se trouvait dans l'un des quartiers les plus malfamés de la ville, peuplé de maisons aux façades décrépies et érodées. Il glissait, trébuchait, sautait, mais ne s'arrêtait pas.
Son poursuivant était un homme de haute stature à l'aspect bourru, propriétaire d'un étal de bijoux. L'enfant lui en avait encore volé, car sans argent, la vie était impossible à Al-Far. Mais cette fois-ci, le propriétaire l'avait vu commettre le vol, et l'enfant savait pertinemment bien qu'il risquait lourd pour avoir fait ça. Les voleurs de son genre peuplaient les rues de ces quartiers, et on les éliminait dès qu'on en avait l'occasion.
Alors il courrait. Mais la suite ne semblait connaître de fin. Il avait maintes fois tenté de semer son poursuivant, à travers les dédales de ruelles compliqués qui peuplaient la ville ; en vain.
Pourtant, le gamin n'en était pas à sa première fuite. Il vivait en solitaire, orphelin depuis sa naissance, revendant des bijoux volés à des malfrats sans scrupules qui avaient tentés plus d'une fois de l'escroquer. Aujourd'hui, il ne comptait plus le nombre de fois où la mort avait faillis l'étreindre.
Le propriétaire de l'étal se rapprochait inexorablement du gamin qui, épuisé, exhortait ses membres fourbus de la porter plus loin. Peine perdue. Son poursuivant abattit sa lourde main sur son l'épaule, et il chuta, déséquilibré. Sa tête heurta lourdement le pavé glacial. Il mit quelque secondes à retrouver ses esprits, et lorsqu'il leva les yeux, il vit le bijoutier juste au-dessus de lui, un rictus mauvais balafrant son visage. Celui-ci sortit un couteau de sa poche, que la lune fit étinceler un instant.
Le garçon ne fut aucunement surpris de ce geste, les crimes étant quotidiens dans ces quartiers d'Al-Far, en revanche il en fut paralysé par la peur. Sa vie misérable allait-elle s'achever ainsi, dans cette ruelle sordide, assassiné comme une bête ?
Le bijoutier fit alors un pas dans sa direction.
Un seul.
Aussi furtive qu'un rêve, aussi silencieuse que la brume, une femme vêtue de cuir sombre s'était glissé dans son dos. Elle posa sa main sur la nuque du bijoutier qui s'affala aussitôt, inerte.
Le jeune garçon en resta sans voix. Une telle grâce émanait de chacun de gestes de cette femme...
Avant qu'elle ne prononce la moindre parole, il sut qu'elle ne lui voulait aucun mal.
- Qui êtes-vous ? murmura-t-il dans un souffle.
La femme lui sourit d'un air bienveillant.
- Je m'appelle Ellundril Chariakin. Et toi ?
- Jilano, répondit-il sans une once d'hésitation. Jilano Alhuïn.
Ellundril Chariakin fit alors quelque chose inattendu : elle se pencha vers le sol, y ramassa un cailloux et s'en servit pour tracer ces quelques mots sur le pavé.
Murmure du vent
Souffle de liberté
Toujours
Jilano en fut stupéfait. Ces mots réveillaient en lui quelque chose de profondément enfoui. Ces mots... Il les comprenait. Ce qu'il ressentait en cet instant allait jusqu'à dépasser le pouvoir des mots.
- Qui êtes-vous vraiment ? demanda-t-il, en sentant qu'une porte était en train de s'ouvrir devant lui. Toute proche.
Ellundril Chariakin ne prononça qu'un mot.
Un seul.
La porte était ouverte.