Les Royaumes de Jaaline : Troisième chapitre, seconde partie
Enfin, voici la suite des Royaumes de Jaaline, avec... beaucoup de retard ! Nous sommes en pleine phase de ré-écriture, alors ça nous prend beaucoup de temps. Vous pourrez en avoir un aperçu dans peu de temps. Et maintenant, voici la suite !
Excédée, Jaaline ne vit presque pas son poing filant à un incroyable vitesse en direction de l’estomac de Norim. Sous le choc, il se plia en deux et peina à retrouver son souffle. Jaaline n’en avait pourtant pas fini avec lui. D’un ample mouvement du pied, elle lui balaya les jambes. Norim s’affaissa lourdement sur le sol, soulevant un épais nuage de poussière. Jaaline posa un genou sur son buste et lui susurra des paroles à l’oreille d’un ton irrésistible:
- Écoute moi bien Norim. Pour ce soir, je vais être gentille. Mais si jamais toi ou ta bande s’approchait de moi à l’avenir, je ferais en sorte qu’ils n’oublient jamais de ne pas s’approcher de moi, et ce que je t’aurais infligé aura l’air d’un massage digne des plus grands masseurs du palais d’Ilphrinn, en comparaison de ce que je leur infligerais. Tu m’as bien compris, Norim?
Il hocha faiblement la tête. Plus aucune marque d’arrogance n’habitait son visage, remplacé par un masque de terreur absolue. Avec une moue dédaigneuse, Jaaline se releva et s’éloigna d’un pas rapide. Quand elle sortit du bois, une bande d’Elfes de l’âge de Norim se tenait acculé à des troncs d’arbres. A son approche, des ricanements fusèrent. A l’évidence, ils étaient au courant de ce qui s’était passé. La mine menaçante de Jaaline les dissuada de continuer à se moquer. Impassible, elle continua son chemin en direction de ses nouveaux appartements. Elle attendrait juste d’être seule pour pouvoir pleurer.
C’était le matin. De minces rayons de soleil filtraient à travers les volets entrouverts. Jaaline avait dormis toute la journée et toute la nuit.
D’un geste rageur, elle essuya le flot de larme qui coulait le long de ses joues. Norim était un imbécile, doublé d’un pervers. Alors pourquoi est-ce que ses pleurs ne tarissaient pas? Pourquoi est-ce qu’elle ressentait encore ses lèvres brûlantes sur les siennes et leur étreinte que rien ne semblait pouvoir briser? Elle se maudit intérieurement. Elle aurait dus faire attention. Elle aurait dus voir que Norim ne s'intéressait pas à elle. Mais la passion rend aveugle. Elle se leva lentement, s’étonnant que ses jambes puissant encore la porter. Etrangement, Nerwen n’était pas venus la chercher pour venir l’entraîner. Etait-il au courant pour ce qu’il s’était passé? Si oui, quelle avait était sa réaction? Se persuadant que chercher des questions sans réponse n’avait aucun intérêt, Jaaline sortit pour se vider l’esprit.
Ses nouveaux appartement se trouvaient près de ceux de Ilphrinn, quasiment aussi luxueux. Elle possédait une immense salle de bains aux murs ornés de mosaïques resplendissantes, représentant d'antiques batailles. Sa chambre était dotée d’une grande armoire en bois de Sylvecharme et son lit pouvait accueillir deux personnes. A cet perspective, Jaaline avait d'abord rougis, puis avait constaté que c’était mieux ainsi. Elle possédait aussi un étroit balcon qui surplombait Grimhild dans une vue à couper le souffle. A présent, elle se trouvait au-dessus de la cour, sur un sol marbré aux rainures noirs rappelant les veines d'un corps humain. L’activité qui régnait dans la cour était effervescente, et Jaaline avait besoin de calme. Elle se dirigea donc vers la salle d’arme, choisit un arc avec un carquois et prit la direction de la forêt. Elle se rendit dans la clairière où elle venait habituellement s’entraîner en compagnie de Nerwen. Elle décocha une flèche et la tira au hasard dans la forêt. La flèche se planta dans un tronc d’arbre, à une centaine de coudées de là. Prenant une grande inspiration comme quand elle se concentrait, elle se mit à décocher toutes les flèches de son carquois avec une rapidité fulgurante. Ses gestes devinrent de plus en plus flous et de plus en plus précis. Elle s’arrêta seulement lorsque son carquois fut vide pour contempler le résultat. Toutes les flèches s’étaient fichés dans le tronc, tout près de la première flèche qu’elle avait tiré. Elle soupira d’aise. Au moins, l’incident de la veille ne lui avait pas fait perdre ses prodigieux réflexes. Nerwen choisit ce moment-là pour pénétrer dans la vaste clairière. A sa mine à la fois goguenarde et miséricordieuse, Jaaline comprit aussitôt qu’il savait ce qu’il s’était passé la veille.
- Vous m’avez espionné? souffla-t-elle, soudain tendus.
Nerwen partit d’un rire franc, sans aucune trace d’animosité.
- Crois-tu vraiment que, même en pleine fête, mes devoirs de maître s’envolent? Crois-tu vraiment que je vais te laisser en compagnie d’un jeune homme mal intentionné, aussi charmant soit-il? Tu connais déjà la réponse.
- Comment saviez-vous qu’il n’était pas animé que de bonnes intentions?
- Je l’ai lus dans ses yeux. Tu aurais dus faire de même, mais tu trouvais le bleu de ses yeux trop profond et trop beau pour t’y intéresser.
Jaaline se sentis rougir de la plante des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Nerwen reprit aussitôt:
- Mais ce qui s’est passé hier n’a désormais plus d’importance. Tu as réglé le problème toute seule, et nous devons maintenant nous occuper de choses plus importantes. Les Epreuves auront lieu dans dix lunes, et je tiens à ce que tu sois prête lorsqu’elles arriveront.