Les Royaumes de Jaaline : Premier chapitre et second chapitre
Suite à votre demande, cet extrait sera un plus long que les précédents. Bonne lecture !
Au début, elle ne distingua qu’une forme floue, puis réalisa avec effroi qu’il s’agissait d’un Prédateur. Elle n’en avait jamais vue d’aussi grand. Tapie dans la végétation, il attendait le moment propice pour bondir en quête de son futur repas. Heureusement pour la jeune humaine, il était absorbé dans la contemplation de la harde et ne semblait pas l’avoir vue. Son cœur battait la chamade tandis qu’elle s’efforçait de trouver une solution. Elle aurait pu tirer une flèche sur un crieur et se dépêchait d’aller le chercher, mais elle savait les Prédateurs trop rapides pour elles. Elle pouvait aussi le tuer avec ses flèches, mais un monstre de cette envergure ne mourrait pas sous le coup de quelques flèches. Elles représenteraient d’inoffensives aiguilles pour lui. D’ailleurs, elle avait déjà essayer d’en tuer un quand elle était plus petite. Les flèches avaient eus pour résultat de le mettre dans une rage folle et il l’avait chargés. Seule une incroyable chance de la part du destin lui avait sauvé la vie. En songeant à ce jour-là, elle regarda le collier suspendus à son cou, avec une courte plume blanche à son extrémité...
Mais, depuis, elle avait changé et n’avait plus vraiment le choix. Elle changea donc la trajectoire de sa flèche pour la pointer vers le Prédateur. Elle prit une grande inspiration et tira. Un terrible rugissement où se mêlait la colère et la douleur s’éleva. La horde de crieur, affolée, s’éparpillèrent brusquement en tout sens. Imperturbable, Jaaline continuait son manège infernal, criblant l’animal de flèches. Quand elle jugea que le monstre en serait ralentis, elle s’arrêta et s’élança en direction d’un crieur qui courait à l’opposé de la bête enragée. Elle décocha une flèche qui atteignit la proie au niveau du cou. L’animal s’effondra. Elle lâcha la branche qui la retenait, atterrit souplement sur le sol, saisit l’animal par les pattes et s’élança vers l’arbre le plus proche. Elle l’escalada aisément et se remit à se balancer de branche en branche, mais le poids du crieur la gênait. A maintes reprises, elle manqua de chuter et de se briser la nuque. Elle n’osait pas s’arrêter pour vérifier si le prédateur la suivait et chaque bruit suspect la faisait accélérer.
Lorsque, enfin, elle arriva au camp, elle était écorchée à de nombreuses parties de son corps et sa poitrine semblait abriter des flammes. Nerwen ne s’en inquiéta pas. Il restait assis sur le rocher sur lequel il était et l’observait attentivement.
- Tu as fait une bonne chasse ? lui demanda-t-il, l’air de rien, un mystérieux sourire flottant sur les lèvres.
Jaaline grommela une phrase intelligible. Elle détestait le comportement railleur de son maître dans ce genre de situation. Puis, elle constata, étonné, qu’il avait fait un feu, servant sans aucun doute à faire cuir quelque chose.
- Qu’est-ce que…
- Je savais que tu y arriverais. Tu n’es pas tombé sur un crieur par hasard, n’est-ce pas ? C’est toujours extraordinaire la première fois…
Pendant un instant, il sembla rêver, puis reprit vite une contenance :
- Bon, trêve de plaisanterie, je meurs de faim. Tu n’as pas tué ce crieur pour rien, et je vais faire en sorte d’honorer tous les efforts que tu as fournis pour le tuer. Tu viens ?
Devant la mine ahurie de son élève, il éclata de rire.
- Moi aussi j’écoute le vent, Jaaline. Et, ne t’en fais pas, je sais ce qui s’est passé.
Elle secoua la tête pour retrouver ses esprits et lui apporta le crieur. Son maître resterait à jamais un grand mystère…
Chapitre 3
Jaaline était de fort meilleure humeur. La viande de crieur s’était révélée excellente et ses coupures ne la faisaient presque plus souffrir. Même la marche forcée imposée par Nerwen n’arrivait pas à lui tirer une grimace. Ils se dirigeaient depuis quelques heures vers la Haute Crête, et les fréquentations des Orcs à l’endroit où ils se trouvaient se faisaient de plus en plus fréquentes. Nerwen n’avait pas l’air de s’en inquiéter, ce qui rassurait Jaaline quand elle était anxieuse. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, les arbres se firent de plus en plus rares, remplacés par des fourrés épineux et des rochers aux bords acérés. Même sans l’ombres des arbres, l’air se fit de plus en plus froid, jusqu’à ce que leurs respiration produisent de minces volutes de fumée. La nuit n’allait pas tardait à tomber, mais Nerwen ne ralentissait pas. Jaaline savait qu’il était inutile de le questionner sur le sujet, aussi choisit-elle de faire silence. Nerwen ne s’arrêta qu’au crépuscule, dans un mince bosquet aux rares feuilles.
- N’est-ce pas trop dangereux de camper ici ? demanda Jaaline, soucieuse. Des Orcs risqueraient de nous tomber dessus et de nous réduire en charpie.
- Tu as raison, lui répondit sereinement Nerwen. C’est pourquoi tu prendras le premier tour de garde. Tu m’éveilleras quand la lune atteindra son zénith, et je te remplacerais.
Jaaline ne dit aucun mot.
Ils mangèrent la viande de crieur froide, sans faire de feu, de peur d’attirer une troupe d’Orcs. Le repas se déroula silencieusement et sans grand entrain. Quand ils eurent finis, Nerwen lui souhaita une bonne garde et s’allongea sur une paillasse de fortune composé de feuilles mortes. Jaaline s’installa sur un rocher plat et rugueux, puis se mit à attendre. Elle essaya de percevoir les sons que lui apportaient le vent, sans succès. La peur engourdissait ses membres et la faisait frissonner régulièrement. Elle se contenta d’écouter comme son ouï le lui permettait. Bien que celle-ci fût plus affûté que certains elfes, elle ne lui permettrait pas d’entendre des Orcs à cent mètres de là. Elle contempla la lune et soupira. Elle s’était à peine levée.
« Courage, se morigénât-elle, une pointe d’ironie dans la voix. Plus que six heures et je pourrais enfin aller me coucher ! »